L'équipe vue comme un système...

Le système est à la fois plus et moins que la somme des membres

 
Chaque groupe peut être envisagé comme un système complexe, réunissant en son sein des éléments différents, en interactions ordonnées les uns avec les autres.
 

Le système est plus que la somme de ses membres, car le système acquiert des capacités supplémentaires à celles de ses composants, capacités ne résultant pas seulement d’une addition des sources énergétiques : il y a création de possibilités nouvelles. 

De même que la vision binoculaire nous donne une perception supplémentaire qui est la profondeur et le sens de la perspective, le travail en équipe va donner à chacun de ses membres des possibilités d’épanouissement et d’expression supplémentaires.

Ainsi commence à exister dans une équipe, en vue de parvenir à la réalisation de la tâche collective, des choses qui n’étaient pas là avant :

  • création d’un langage commun, d’une expérience et d’une mémoire, de traditions et rituels divers,
  • investissement d’un lieu particulier, repérage des places de chacun, horaires, fêtes, anniversaires,
  • apparition d’un imaginaire, de mythes, d’une culture dont on parlera plus tard en disant « du temps de… ». 

 

Il est aussi moins que la somme de ses membres, car chacun des éléments d’un système entrant dans une fonction définie au service du tout, inhibe, renonce à certaines de ses possibilités.

Ainsi, les cellules de notre organisme se spécialisent-elles, même si génétiquement elles avaient au départ la potentialité d’appartenir à d’autres fonctions. De même dans l’équipe, qui est moins que les individus qui la composent : chacun réserve une part de lui-même qu’il n’investit pas dans l’équipe.

Cette part est d’autant plus grande que la motivation n’est pas encore mobilisée. Puis, plus tard, quand « la mayonnaise prend » dans le groupe, c’est-à-dire lorsque les individus deviennent plus profondément reliés les uns aux autres, la vie de l’équipe supposera de la part de chacun de ses membres de nécessaires et difficiles « sacrifices » de son initiative et liberté personnelles au profit de la réalisation collective. 

 

Ces renoncements sont nécessaires que ce soit chez les membres comme le pilote, faute de quoi le groupe éclate. 

 

Nous voyons ici que la meilleure garantie de la solidarité de l’équipe sera la balance positive établie par chacun entre ce moins sacrifié pour le groupe et le plus reçu en retour (matériel et affectif). En cas de balance négative, si les membres sont déçus ou peu motivés, le système est perpétuellement menacé de dissolution ou éclatement. Jouent alors pour le faire tenir les contraintes formelles du statut, et le pilote est obligé de devenir "petit chef".